Laszlo, l’œil bienveillant de la rue Treilhard

Laszlo était un habitant à part entière de la rue Treilhard. Son lieu de vie se situait au 16 rue Treilhard. Il est rentré dans le quotidien des habitant·es du quartier, qui pour certain·es le connaissaient depuis plus de 15 ans. Laszlo avait ses habitudes, sa routine bien organisée. Chaque matin, les riverain·es pouvaient observer son rituel. « Il était très méthodique, il pliait toutes ses affaires, prenait son caddie et partait faire la manche », se souviennent des habitant·es de l’immeuble juste en face de son lieu de vie. D’un ton amical et amusé, un des voisin·es nous raconte « il aimait Sarkozy parce qu’il était hongrois comme lui ».

Lieu de vie de Laszlo, 16 rue Treilhard

Notre conversation avec les riverain·es est ponctuée d’anecdotes qui permettent de nous représenter Laszlo comme une personne des plus sympathiques. Il lui est par exemple arrivé de garder la voiture coccinelle de son voisin lorsqu’elle était en panne. Laszlo lui avait par la suite offert un jouet, qui ressemblait à sa voiture, une petite coccinelle jaune.

Non loin du lieu de vie de Laszlo, se trouve un autre endroit important dans son quotidien, le supermarché G20. Selon les employé·es, « c’était son magasin ». Il y venait plusieurs fois par jour pour faire ses courses et échanger avec les personnes qu’il connaissait. Un employé avait pris l’habitude de changer les piles de sa radio. Selon lui, Laszlo écoutait un peu de tout, « c’était comme une compagnie pour lui ». Malgré ses difficultés en français, Laszlo a noué des liens forts et amicaux avec les personnes du quartier. Une caissière nous raconte qu’à chaque fois qu’il rentrait dans le magasin, il lui demandait toujours comment elle allait. « Laszlo, on ne peut pas ne pas l’aimer » déclarait-elle, « c’était une crème, il ne s’énervait jamais. C’était notre ami à tous, quelqu’un au grand cœur, une très belle personne ».

Supermarché, G20

La douceur de Laszlo laissera des traces pour les personnes qui ont eu la chance de croiser son chemin. Durant son hospitalisation, ses affaires ont été gardées par des habitant·es du quartier et les employé·es du G20, où son caddie est toujours conservé. Les employé·es imaginent difficilement s’en débarrasser. Ils et elles confient « pour nous, il est toujours là ». Ils et elles se rappellent aussi qu’en dépit de son quotidien parfois rude, Laszlo ne se plaignait jamais. Une caissière du G20 ajoute « Il aurait pas été d’accord qu’on soit triste ».

Ce qui est certain, c’est que Laszlo a marqué la rue Treilhard par sa bienveillance et sa gentillesse. Il recevait beaucoup de cadeaux de la part des riverain·es que cela soit des vêtements, de la nourriture ou encore des cigarettes. Il veillait sur le quartier d’un œil clément et cette attention lui était rendue par les résident·es. La générosité dont pouvait faire preuve Laszlo a marqué les habitant·es ; « il laissait toujours la monnaie », « quand on lui offrait du chocolat, il nous en ramenait au magasin ».

Alors que nous accrochons des affiches et déposons des fleurs sur son ancien lieu de vie, plusieurs passant·es et commerçant·es viennent nous parler. Certain·es apprennent à ce moment , le décès de Laszlo. Un salarié d’un commerce d’en face nous confie avec émotion : « Je me demandais où il était passé, mais quand j’ai vu les fleurs j’ai compris… ».

La disparition de Laszlo affectera sûrement ce quartier où il vivait depuis si longtemps.

Ses funérailles ont eu lieu le mardi 26 décembre au cimetière parisien de Thiais. A la demande des riverain·es, une messe en sa mémoire a été célébrée le mercredi 10 janvier à l’église Saint-Augustin.

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